Lâcher les armes : être vulnérable, c’est être humain.

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Et si on parlait de leadership et de vulnérabilité aujourd'hui? (Je sais, drôle de penser ça comme un échange quand ça ressemble pas mal à un monologue mon affaire :p) 

Préparons-nous une petite tisane et explorons ensemble le sujet. 

Ma préférée de tous les temps:  la verveine citronnelle. 

Elle m'accompagne à ce moment même, pour mettre de la douceur dans les mots que je vous dépose ici.

En tant que femmes, nous sommes très souvent catégorisées comme des êtres sensibles, vulnérables, un petit brin de trop dans nos têtes et dans nos cœurs.

Je ne souhaite pas généraliser mais souvent, dans les milieux de travail plus conventionnels, j'ai été perçue comme ça. Alors disons que j'y vais avec mon expérience plutôt que dans un élan de certitude. 

Ces éléments sont caractérisés, le plus souvent, comme des faiblesses. D’ailleurs le plus grand mythe autour de la notion de la vulnérabilité est que cela revient à être « faible ». 

 

Et pourtant, si au contraire, cette grande force du cœur demandait plus de courage qu’on ne le pense?

 

La vulnérabilité, j’en lis à l’instant la définition qui en est faite sur le site web de l’internaute.fr, définition sur laquelle je suis tombée un peu par hasard, et mon cœur tout entier se retourne : « la vulnérabilité décrit le caractère de quelque chose de fragile, de vulnérable ou encore de sensible. Il peut s’agir plus généralement d’une faiblesse – Synonymes : fragilité, précarité. »

 

Et cette définition me ramène aux préjugés que j’ai eu envers moi-même, pendant très longtemps, aussi, en lien avec ce reflet que j'avais de cette vulnérabilité. 

 

Bien longtemps, j’ai craint moi aussi d’être vulnérable, associant la vulnérabilité au sein de mes sphères professionnelles, comme une grande marque de faiblesse, un manque de capacité à leader.

 

Pendant de longues années, chaque fois que j’exposais ma vulnérabilité, je me sentais bête, faible et un peu « enfant » dans un sens. Je crois que ça venait beaucoup de ma perception, mais aussi, d’une certaine manière, de la façon dont l’extérieur pouvait l’accueillir dans certaines de mes sphères professionnelles.

Et puis, un jour, à une rencontre d’équipe, lors d’une période pendant laquelle je vivais des défis personnels et une quête de sens professionnelle importante, j’ai explosé en sanglots devant toute mon équipe. Et c’est à ce moment précis que j’ai compris que ma vulnérabilité et son expression était en fait, tout le contraire d’une faiblesse.


À la suite de ce moment de grande vulnérabilité et de grande honte sur le moment, mes collègues m’ont confiée que « ce cri du cœur » avait ouvert un espace sécuritaire, authentique, un espace dans lequel, elles ont pu, elles aussi, vivre des moments plus difficiles en s’exprimant librement et sans se cacher.

Et de là, une solidarité et cohésion d’équipe encore plus forte est née. Mes collègues pensaient devoir être toujours fortes et sans failles puisque je semblais l’être. Et je pensais devoir être toujours forte et sans failles pour les soutenir. Et pourtant. Au lieu de créer une zone de fragilité au sein de notre équipe, cela a créé un espace sécuritaire au sein de laquelle, il était possible d’être totalement soi-même, sans masque sur le cœur. En fait, cet épisode ou je n’ai pas réussi à « garder le contrôle » a ouvert des centaines de portes et à divers niveaux par la suite.

Accueillir sa vulnérabilité demande une force intérieure puissante et plus qu’on ne le pense, elle ouvre la porte vers plus d’authenticité, d’échanges véritables et de cohésion. 

 

La vulnérabilité n’est pas un signe de fragilité, c’est la force d’être tel qu’on est au grand jour et le courage de l’assumer pleinement, même dans tout l’inconfort que ça peut apporter. C'est une forme de présence à soi et d'acceptation de tout ce que l'on porte en soi.

 

La vulnérabilité est une émotion puissante qui prend naissance lorsque nous vivons une expérience durant laquelle nous nous sentons dans un état de risque, de peur, d’insécurité. Une émotion dont le courage réside dans la capacité d’être soi-même et de se livrer à l’autre, sans savoir quelle en sera l’issue.

 

Lorsque l’on parle de vulnérabilité, cela peut sembler très abstrait alors tentons d’associer la notion de la vulnérabilité à des moments plutôt qu’à une définition formelle.

 

Pour revenir à ma petite histoire plus haut, dans laquelle je vous mentionnais, au moment de cette histoire, avoir vécu de grands défis personnels, laissez-moi vous en dire plus. Ma vulnérabilité dans cette histoire résidait à ce moment dans un moment de grande rupture, de grand changement. 

 

Après une dizaine d’années en couple et mariée avec mon amour d’adolescence, nous venions d’entamer notre séparation et procédure de divorce. Je me sentais dans un état de tristesse et d’insécurité incommensurable. Dans un moment comme celui-ci, la nature prend le dessus, l’armure n’a plus le choix que de lâcher prise et de laisser l’espace aux émotions. Cette perte de contrôle, qui finalement, amène à vivre, accueillir et dépasser avec courage, l’inconfort que ça amène. Cette grande étape de vie, amenait aussi, en même temps, de grands questionnements en lien avec l’incarnation de mes valeurs, de mon unicité dans le travail. Le cadeau bien caché, je pense, qui a permis d’exprimer en toute authenticité, ce qui a été important pour la suite de mon cheminement au sein de cette équipe et de sa direction.

 

Un autre exemple concret me vient en tête lorsque je pense à ce qui se rattache à la vulnérabilité. Il y a quelques mois, je discutais avec l’une de mes clientes de l’un de ces projets. Dès le début de l’échange, je ressentais une atmosphère émotionnelle très intense. Après quelques minutes de discussion dans le plein accueil du moment qu’elle vivait et dont je ne connaissais pas encore la raison, elle a fini par me partager que son enfant vivait des moments difficiles à la garderie et qu’elle ne savait pas comment l’accompagner dans cette transition émotionnelle. Alors oui, notre discussion professionnelle a bifurqué sur un aspect plus personnel mais de mon point de vue, ce moment précieux d’échange vulnérable nous a permis de connecter à un autre niveau et croyez-le ou non, a teinté positivement la poursuite de cet accompagnement professionnel. Elle a permis, tout naturellement, d'établir une connexion plus profonde.

 

On peut voir ici, que dans les faits, la vulnérabilité prend place dans des moments de défis intérieurs, petits ou grands, mais qui nous font ressentir un inconfort, une insécurité déstabilisante. Une émotion que nous ressentons et qui nous permet de traverser avec ce courage intérieur, des épreuves de vie importantes. Des épreuves qui engendrent des prises de conscience importantes.

 

Alors, peut-on vraiment dire que le fait de vivre ces expériences, de les accueillir, de les nommer et de les dépasser est une preuve de faiblesse? 

 

Dans mon cœur, je trouve que cela s’apparente bien plus à la notion de force intérieure et de courage. 

 

Et n’est-ce pas de plus de courage, de conversations courageuses, d’échanges vulnérables, empathiques, authentiques dont nous avons besoin actuellement au sein de nos environnements de travail?

Être vulnérable, finalement, c’est simplement être humain.

Être vulnérable, c’est retrouver dans cette humanité, un point commun qui nous lie et nous dirige vers un sens commun.

Être vulnérable, c’est ouvrir les ailes du cœur pour avancer.

Être vulnérable, c’est être courageux.

 

Vivre, ressentir, aimer, c’est s’ouvrir à cette vulnérabilité. 

 

Sans le ressenti et son accueil, que nous reste t-il? 

Une belle armure qui nous protège des défis, mais aussi, de la beauté de ce que ces défis cachent bien souvent.

 

Lors de l’une de mes lectures, j’ai récemment lu une citation au sujet de la vulnérabilité qui m’a touchée au-delà des mots. C’est une citation de C.S Lewis, dans The Four Loves et voici ce qu’elle mentionne et que je ne chercherais pas à traduire en français :

 

« To love at all is to be vulnerable. Love anything and your heart will be wrung and possibly broken. If you want to make sure of keeping it intact you must give it to no one, not even an animal. Wrap it carefully round with hobbies and little luxuries; avoid all entanglements. Lock it up safe in the casket or coffin of your selfishness. But in that casket, safe, dark, motionless, airless, it will change. It will not be broken; it will become unbreakable, impenetrable, irredeemable. To love is to be vulnerable. »

 

À ce stade-ci de mon monologue, vous vous questionnez encore sûrement quant au lien que la vulnérabilité a avec la notion de leadership conscient. 

 

Je m’en viens à vous en expliquer le lien.

 

Le leadership, dans sa définition la plus basique signifie « guider sur un chemin en passant le premier. » 

 

La conscience, renvoie, elle, de manière globale, à la notion d’humanité.

 

Mais qu’avons-nous en commun, selon vous, humains de ce monde? 

 

Plein de choses me direz-vous. 

 

Mais l’une des choses qui nous rapproche en tant qu’humains, c’est cette notion de vulnérabilité. 

 

Nous sommes tous amenés, à vivre des moments vulnérables dans nos sphères personnelles qui même si elles concernent la sphère personnelle, continuent de vivre dans nos journées de professionnels.

 

Dans vulnérabilité, il y a humanité. 

 

En exposant au grand jour, au sein de nos équipes, notre vulnérabilité, tout comme dans l’exemple très personnel que je vous ai donné, nous ouvrons la porte à une dynamique d’équipe basée sur le courage, l’accueil, les discussions authentiques. Cela devient un leadership du cœur.

 

Qui dit vulnérabilité implique donc l’ouverture d’un espace sécuritaire d’échange et ainsi, crée un environnement propice à la connexion humaine, à la création d'un lien de confiance, d'un lien sain et durable.

 

Naviguer dans un leadership qui prône l’accueil de la vulnérabilité et instaure un espace sécuritaire de partage, cela signifie la naissance de vraies conversations même lorsqu’elles sont difficiles, d’un accueil profond face à nos valeurs, d’une expression véritable au-delà de la peur, d’une connexion à l’autre authentique.

 

Et l’épanouissement au sein de nos environnements professionnels (ou de vie) ne passe-t-il pas par la connexion humaine authentique?

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